Pleure, petite
Qu'as-tu petite fille à bouder dans ton coin ?
Tu sais que je remuerai le monde pour te rendre le sourire,
Te voir courir…
Jouer et battre des ailes.
T'envoler, te rendre heureuse…
Me rendre heureuse…
Regarde-moi, mais regarde
Tu as fait de moi une femme triste.
Je suis la mélancolie…
Couronnée par le temps …
Ce temps qui savait que jamais il ne reviendra
Me figeant là depuis tes six ans…
Parti au ciel sans te prévenir
Tu m'as…
Tu m as empêchée de grandir,
De vivre
Mon moi est figé.
Entravant la femme que je devrais être.
Petite, n'es tu pas moi et ne suis-je pas toi?
Regarde-moi, ta tristesse me déchire, me lacère,
me découd, elle me
défait de
l'essentiel
Et je ne peux plus vivre.
Envie de rien.
Je reste collée à ton humeur
Cherchant mille et un moyens de te satisfaire…
Petite, contre le destin on n' y peut rien.
C'est écrit, c'est écrit…
Mais qui peut écrire une telle souffrance?
Que se brisent toutes les plumes et les crayons
Qui tracent d'horribles sillons dans la vie
Pour creuser de tels cratères dans les cœurs,
Dans ton cœur
Le mien…
Tous ces regards que je saisis par-ci et par là,
Bien gentils hélas n'ont pu remplir son manque,
Infernal vide ! Et, nous restons, toi submergée de colère
Et moi sirotant des verres d'absence
Puis en patience, je balance, balance..
Pour que le temps passe,
Que les choses changent
Mais le temps ne passe pas.
Combien ai-je imploré Dieu,
Tâtant dans le gris de l'hiver,
Un signe pour revoir un bout de ton père.
Il avait sur le visage cette grisaille brumeuse,
D'un jour différent des autres,
Un jour où plusieurs mains le cercueil soulevé,
Des pieds
avançaient si vite, si vite
Sans te laisser le temps de comprendre…
Déjà il était à jamais plus là…
Ce gris pourtant, couleur de tristesse
Reste celui de ses tempes sous tes caresses
Avec tes yeux d'enfant
Posant ta main dans la sienne.
Mais il n'est plus là !
Ne me regarde pas ainsi Petite avec tes yeux hagards,
Ne me regarde pas….
Seigneur,
Que ce regard est
triste!
Colère…
Mais pleure,
Oui pleure une fois pour toute,
pleure !
Hurle à la terre cette peine qui te ronge,
Te chipote, grignote le meilleur de toi chaque jour, pleure…
Pleure, Petite
Sors ce sanglot coincé au fond de ta gorge,
Pleure et libère-moi.
Ne ressens-tu pas ma souffrance?
Ne boude pas, pleure
Pleure petite fille l'abandon
Le non retour
L'absence
Il ne reviendra pas,
Jamais
Alors vas-y
Pleure…
Tes larmes ne seront pas une ternissure…
Pleure pour mon apaisement
Mon soulagement.
Sors ce sanglot qui t'étouffe,
Qui t'asphyxie, t'étrangle et te détruit.
Pleure
Nul besoin de courage
Pleure
Libère-moi.
Laisse-moi grandir.
S'il te plaît, petite, pleure…
Et sors de moi,
Petite
Fialyne Hafida Olivès
Ce texte a été écrit en 2008 et publié sur Inlibro Véritas et Atramenta
Seule l'affection sincère efface l'absence d'un père ou d'une mère.
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