samedi 12 octobre 2024

Pleure, petite, texte écrit en 2008







Pleure, petite
 Qu'as-tu petite fille à bouder dans ton coin ? 
 Tu sais que je remuerai le monde pour te rendre le sourire, 
 Te voir courir…
 Jouer et battre des ailes.
 T'envoler, te rendre heureuse…
 Me rendre heureuse…
 Regarde-moi, mais regarde
 Tu as fait de moi une femme triste. 
 Je suis la mélancolie…
 Couronnée par le temps …
 Ce temps qui savait que jamais il ne reviendra
 Me figeant là depuis tes six ans… 
 Parti au ciel sans te prévenir 
Tu m'as…
 Tu m as empêchée de grandir, 
 De vivre
 Mon moi est figé. 
  Entravant la femme que je devrais être. 
 Petite, n'es tu pas moi et ne suis-je pas toi?
 Regarde-moi, ta tristesse me déchire, me lacère,
 me découd, elle me défait de l'essentiel 
Et je ne peux plus vivre.
 Envie de rien. 
Je reste collée à ton humeur
 Cherchant mille et un moyens de te satisfaire… 
 Petite, contre le destin on n' y peut rien.
 C'est écrit, c'est écrit… 
 Mais qui peut écrire une telle souffrance?
 Que se brisent toutes les plumes et les crayons
 Qui tracent d'horribles sillons dans la vie 
 Pour creuser de tels cratères dans les cœurs,
 Dans ton cœur
 Le mien…
 Tous ces regards que je saisis par-ci et par là, 
 Bien gentils hélas n'ont pu remplir son manque, 
  Infernal vide ! Et, nous restons, toi submergée de colère
 Et moi sirotant des verres d'absence 
Puis en patience, je balance, balance..
 Pour que le temps passe,
Que les choses changent
 Mais le temps ne passe pas. 
Combien ai-je imploré Dieu,
 Tâtant dans le gris de l'hiver,
Un signe pour revoir un bout de ton père. 
 Il avait sur le visage cette grisaille brumeuse,
 D'un jour différent des autres, 
 Un jour où plusieurs mains le cercueil soulevé, 
Des pieds avançaient si vite, si vite
 Sans te laisser le temps de comprendre… 
 Déjà il était à jamais plus là… 
 Ce gris pourtant, couleur de tristesse
 Reste celui de ses tempes sous tes caresses 
 Avec tes yeux d'enfant
 Posant ta main dans la sienne.
 Mais il n'est plus là ! 
 Ne me regarde pas ainsi Petite avec tes yeux hagards, 
 Ne me regarde pas….
 Seigneur,
 Que ce regard est triste!
 Colère… 
 Mais pleure, 
 Oui pleure une fois pour toute, pleure !
 Hurle à la terre cette peine qui te ronge,
 Te chipote, grignote le meilleur de toi chaque jour, pleure…
 Pleure, Petite 
 Sors ce sanglot coincé au fond de ta gorge, 
Pleure et libère-moi.
 Ne ressens-tu pas ma souffrance? 
 Ne boude pas, pleure 
 Pleure petite fille l'abandon 
 Le non retour
 L'absence 
 Il ne reviendra pas, 
 Jamais
 Alors vas-y 
 Pleure…
 Tes larmes ne seront pas une ternissure…
 Pleure pour mon apaisement 
 Mon soulagement. 
 Sors ce sanglot qui t'étouffe,
 Qui t'asphyxie, t'étrangle et te détruit. 
 Pleure
 Nul besoin de courage 
 Pleure 
 Libère-moi.
 Laisse-moi grandir. 
 S'il te plaît, petite, pleure…
 Et sors de moi,
 Petite

 Fialyne Hafida Olivès

Ce texte a été écrit en 2008 et publié sur Inlibro Véritas et Atramenta





Seule l'affection sincère efface l'absence d'un père ou d'une mère.

 




 

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