mercredi 6 février 2013

D'ailleurs

 Seule, étendue sur le divan de l’oubli,

L’esprit gris promenant à son gré son errance
Sous le regard muet de toute indifférence,
Tandis que le temps secret passe en emportant
Dans ses mille bras retors son sort sanglotant.

Ses pleurs nus se jettent à la mer en ruisseau,
Peu importe ; les larmes ne sont que des eaux,
Qu’importe ; quand la colère monte très haut
Elle suivra son cours pour s’évanouir en peine
Sur la même rive vraie, puis s’éteindre vaine.

Elle feuillette les jours au souffle de ses nuits.
Entre ses paupières brille l’unique vœu :
Rechercher ses racines et trouver ses aïeux !
Arroser de source sûre sa graine d’âme,
Pour que repousse alors fort son arbre de vie,
Et reviennent ses rêves fous et ses envies.

Ses yeux pers admirent la lune qui se pare
Étendant sa crinière, fière d’être belle ;
La clarté dans sa douceur anime le ciel
Réveillant les amours éteintes qui étincellent
Dans la nuit du silence, telles des perles rares.

Ainsi se pâme l’étoile de nuit rassurante
Quand, pleine et mûre elle affirme son existence ;
Lointaine, elle pleure de ne vivre qu’à demi
Puisque son moi est amputé d’une partie
Perdue ailleurs dans le brouillard dru de l’absence.

Elle voudrait offrir à ses yeux lourds le sommeil,
S’habiller vertement du feuillage de l’ancêtre,
Recousant ses tiges des deux demis puis être ;
Soigner sa blessure vive et enfin en guérir,
Vivre enfin son moi plein avant que de mourir.

Hafida Olivès (Écrit en 2008)

Publié Le 6 décembre 2014 à 22h34 sur Atramenta

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